Il est ici fondamental de distinguer :
- les symptômes – dans le cas présent, la fréquence et/ou urgence mictionnelle chronique
- les causes – l’ensemble des mécanismes à la racine de l’émergence des symptômes
Pour cette raison, le diagnostic d’hyperactivité vésicale reste un diagnostic symptomatique qui sanctionne et reconnait l’existence de symptômes chroniques mais ne fournit pas d’information sur les causes sous-jacentes à l’origine de ces symptômes.
Partant de cet état de fait, on comprend que plusieurs sujets avec le même diagnostic d’hyperactivité vésicale peuvent, en réalité, souffrir de pathologies différentes (s’exprimant au travers des symptômes identiques).Par exemple :
- troubles neuropathiques
- contracture musculaire
- inflammation urothéliale chronique
- infection urinaire à germes atypiques
- troubles gynécologiques qui « s’expriment » sur la vessie.
Il apparait donc évident que, selon la problématique « cachée » derrière l’hyperactivité vésicale, la prise en charge doive être adaptée et que, l’approche qui conviendra bien à certains, pourra être totalement inefficace pour d’autres.
Mary, groupe FB « Cystite Récidivante », le 24/09/2021
Qu’est-ce que la vessie hyperactive ?
Le syndrome de la vessie hyperactive est une affection urologique définie par un ensemble de symptômes tels que :
- Miction impérieuse : besoin urgent d’uriner, entraînant souvent une incapacité à retenir l’urine
- Fréquence importante des mictions : plus de 8 fois par période de 24 heures
- Incontinence par impériosité : perte involontaire d’urine immédiatement après l’envie d’uriner
- Nocturie : besoin répété d’uriner pendant le sommeil (au moins deux fois par nuit)
- Distension abdominale
Quelles sont les causes du Syndrome de la Vessie Hyperactive?
La fonction vésicale normale est le résultat d’une interaction complexe entre des facteurs neurologiques et psychologiques, et l’activité musculo-squelettique et rénale. La combinaison de ces mécanismes physiologiques en partie volontaires et en partie involontaires détermine le remplissage de la vessie et la vidange – aux moments et aux endroits jugés appropriés – de l’urine recueillie. Une seule anomalie, plus ou moins profonde, au niveau de ce système peut contribuer au syndrome de la vessie hyperactive.
Parmi les causes on citera:
- Contractions involontaires de la vessie.
Ce trouble est souvent associé à une hyperactivité du muscle détrusor, qui se contracte pendant la miction pour expulser l’urine. Les contractions anormales et involontaires de ce muscle pendant le remplissage de la vessie entraînent une envie d’uriner, avant que la vessie n’ait atteint un volume normal.
- Sensibilité de la paroi vésicale
- Altération du plancher pelvien due normalement à la grossesse et à l’accouchement
- Carence d’œstrogènes après la ménopause
- Prise de médicaments diurétiques et consommation excessive de caféine ou d’alcool
- Infections urinaires aiguës
- Troubles neurologiques
Diagnostic
Le parcours de diagnostic pourrait inclure différentes phases d’évaluation à la suite d’une première anamnèse :
- Évaluation générale et antécédents médicaux
- Examen physique, y compris examen de l’abdomen et des organes génitaux, examen rectal chez les hommes (pour évaluer la taille, la consistance et la masse globale de la prostate) et examen pelvien chez les femmes (pour évaluer l’atrophie, l’inflammation, l’infection)
- Bilan urodynamique
- Cystométrie : peut identifier si des contractions musculaires involontaires se produisent ou si la vessie est incapable de « stocker » correctement l’urine
- Examen neurologique
Prise en charge et thérapie
Une fois le diagnostic confirmé, il faut d’abord s’orienter vers la ou les prises en charge les plus pertinentes, en suivant multiples interventions qui ne conduiront pas à une résolution complète du trouble, mais pourront réduire considérablement le nombre d’épisodes d’incontinence.
- Perte de poids
- Élimination des aliments irritants pour l’urothélium : limiter la consommation de caféine, de théine et d’alcool ; éliminer les aliments et les boissons épicés, acides et artificiellement sucrés
- Rééducation du plancher pelvien
- Double miction et entraînement de la vessie : après avoir uriné, les patients qui ont des difficultés à vider complètement leur vessie peuvent attendre quelques minutes, puis essayer à nouveau d’expulser l’urine restante (sans jamais « pousser »!)
- Injections intravésicales de toxine botulique
- Neurostimulation : lorsque l’hyperactivité vésicale est liée à un trouble neuropathique
- Une approche naturelle permettant de plaquer l’urgence et la fréquence mictionnelle est présentée dans cet article.
Chirurgie
La chirurgie pour le traitement de l’hyperactivité vésicale est réservée aux patients présentant des symptômes graves et ne répondant pas aux autres traitements conservateurs.
Témoignages
Ci-dessous vous pourriez trouver quelques échanges qui s’est déroulé sur le groupe « Cystite Récidivante » entre les personnes touchées par un syndrome de vessie hyperactive :
« Perso après 4 mois de kiné, et de la neurostimulation tous les jours avec un appareil à la maison ça va bcp mieux 🙂 »
« Essaye les gélules de pépin de courge une cure pendant 3 mois ça peut t’aider »
« Je suis en attente de ma troisième dose de botox et je peux vous dire que cela aide . Par contre cela ne dure pour la plupart des cas de 6 à 9 mois. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai aussi la vessie douloureuse et j’ai mal lors des relations sexuelles et cela aide beaucoup »
4 Comments
Laure
1 septembre 2024Bonjour,
Je me permets de publier afin d’obtenir un éclairage sur mes pathologies.
Il y a un an et demi, j’ai commencé a souffrir d’envie d’uriner fréquente/ quasi constante.
Je suis suivie par une urologue, j’ai passé un bilan urodynamique et elle m’a diagnostiqué une vessie hyperactive et m’a prescrit des anticloridrique , inefficace.
Au tout début, je devais uriner toutes les 30 minutes.
J’ai suivi vos pistes et une kiné m’a diagnostiqué un perinée hypertonique et la sage femme, une vulvodynie.
J’ai fais ma réeducation périnéale et j’ai une creme pour la vulvodynie. Les passages aux toilettes sont maintenant « normaux » la plupart du temps.
Je voulais avoir votre avis car je ne sais plus comment me soigner.
Je ne me reconnais pas toujours dans la vessie hyperactive car je n’ai pas d’urgence et je n’urine pas la nuit. La plupart du temps, je peux rester 2,3,4h sans uriner.
Mais les symptômes qui persistent sont une gène que j’ai du mal à expliquer et soigner.
J’ai la sensation que la zone vaginal/ urètre est toujours sensible, je sens en permanence cette zone. Je ressens pas de douleur mais un inconfort constant, comme si il restait une goutte d’urine dans la vessie. Parfois, mon vagin me brule aussi.
Je ne sais plus si je dois traiter la vulvodynie ou une vessie hyperactive. J’ai deja suivi la cure prescrite par deakos (d manose et stop biofilm)
Est ce que la vulvodynie peut provoquer ces symptomes la ?
L’urologue m’a prescrit un TENS que j’utilise tous les jours (programme vessie hyperactive et vulvodynie) et un alpha bloquant. Je sens une différence. Elle me parle d’une opération « noromodulation des racines sacrées » mais je ne souhaite pas la réaliser.
Que dois je faire ? Je suis perdue
Merci beaucoup
Mary
2 septembre 2024Merci pour ce commentaire Laure et vraiment toutes mes félicitations pour ce parcours !! -> vous avez en effet été formidable et réussit à obtenir des diagnostics fins et précis expliquant vos symptômes et pu également mettre en place des thérapies et prises en charge adaptées qui visiblement ont été très efficace sur 90% de votre symptomatologie.
Les gênes résiduelles que vous mentionnez sont malheureusement fréquentes dans des cas comme le vôtre et typiques de l’altération neuropathique.
Pour le dire simplement donc, et comme c’est écrit dans cet article, il semblerait que vous n’ayez pas de « vessie hyperactive » mais que ce diagnostic ait été posé erronément sur une situation réelle de vulvodynie -> c’est donc bel et bien cette pathologie qui doit être prise en charge.
A ce propos, la neuromodulation des racines sacrées semble une approche très invasive et dysproportionnée vis-à-vis de vos troubles… étant donnés ses risques d’inefficacité et effets secondaires je comprends donc tout à fait votre réticence.
Kinésithérapie, TENS, crème à la lidocaïne et autres approches spécifiquement ciblées sur la neuropathie sont donc la meilleure stratégie à votre disposition.
On conseillera ici tout particulièrement l’usage oral comme local de la PEA:
https://cystiteetcompagnie.fr/2021/12/pealen-crema-et-neuropathies-pelviennes-douleurs-neurologiques/
https://cystiteetcompagnie.fr/2021/06/palmitoiletanodamide-pea-pour-les-amis/
Un cycle de 2 mois avec alaquer pourrait également être une excellente idée 😉
De tout coeur avec vous ❤
Fossard
20 février 2024Les injections ne botox ne m ont rien fait je viens d avoir une anesthésie générale pour gonfler ma vessie o m a introduit du sérum physiologique et ensuite on a fait une vidange cela fait un mois pas de changement c est desesperant
Coco
20 février 2024Bonjour et merci pour votre commentaire 🙂
Suite à vos autres commentaires il me semble comprendre que vous êtes atteinte d’un Syndrome Génito-Urinaire (SGU). Il s’agit d’un syndrome corrélé à la ménopause présent dans la moitié de la population ménopausée.
La prise en charge du SGU doit être holistique car les symptômes se manifestent à niveau urologique et gynécologique.
Les mesures à adopter pour faire face au SGU concernent :
1. La prévention des infections urinaires
2. Le soutien de la correcte épithélisation de l’urothélium vésical
3. La réduction des irritations vésicales et la lutte contre les inflammations des voies urinaires
4. L’hydratation et le soutien du trophisme des muqueuses
5. Le soutien d’une correcte colonisation du milieu vulvo-vaginal par une flore de Döderlein équilibrée
6. La prévention des infections vaginales
7. Le soutien à la lubrification lors des rapports
8. Le soutien d’une correcte fonctionnalité musculaire pelvienne
9. La prévention des neuropathies
Je me permets donc de vous renvoyer à l’article suivant, au sujet de la prise en charge correcte pour le SGU : https://cystiteetcompagnie.fr/2022/05/syndrome-genito-urinaire-chez-la-femme-menopausee/
Courage <3