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Cranberry : le faux ami de la cystiteuse !

Bonjour bonjour,
Je voudrais « jeter un pavé dans la marre » du business florissant de la canneberge / Cranberry. J’en ai moi même consommé des quantités industrielles par le passé (pour des sommes tout autant astronomiques) mais je sais maintenant que ce n’est pas la solution « miracle » que l’on nous promet contre la cystite [et compagnie].

Qu’est ce que la canneberge ?
« La canneberge, la grande airelle rouge d’Amérique du Nord, l’atoca ou l’ataca (au Québec), appelée à tort par son nom anglais dans les produits industriels en Europe, cranberry, est un arbrisseau qui croît dans les tourbières des régions froides.
« La canneberge est commercialisée fraîche depuis la période de récolte (septembre) jusqu’à la fin de l’année, le fruit se conservant bien naturellement. Elle est aussi vendue sous forme de jus pur ou en mélange, et de fruit séché, dans les magasins de produits diététiques et bio, ainsi que sous forme de complément alimentaire (gélules, comprimés, sachets, etc.) en pharmacie » (source : Wikipedia).
C’est donc un petit fruit (une baie) tout simplement, semblable à la myrtille.

Une action acidifiante
Comme tous les aliments que l’on consomme, la canneberge va influer sur le pH de nos urines et, comme toutes les baies, la canneberge a un fort pouvoir acidifiant. Pourtant, en cas de cystite/infection bactérienne, on recommande plutôt d’alcaliniser les urines car les bactéries responsables (Escherichia coli, Klebsiella, Entérocoques) adooorent les milieux acides. La canneberge va donc favoriser le maintien d’un pH vésical propice à la prolifération bactérienne (un non sens lorsqu’on cherche à se débarrasser des bactérie).

Des jus source de sucre
Les produits à base de canneberge sont très nombreux. Parmi eux, les « stars » sont les jus : pratiques, bons, moins « médicaments » que des comprimés, faciles à consommer, se substituent bien aux autres boissons…etc. Oui, oui c’est super, achetez, achetez ! Mais il y a un mais… vous avez déjà gouté du jus d’airelle « pur” ? Et ben c’est pas terrible. Pour rendre ces jus agréables il faut donc y ajouter … du sucre ! Autre problème quand on sait que les bactéries responsables d’infections urinaires sont très « friandes » de sucre. C’est aussi le cas des champignons (type Candida albicans), ces mycoses (qui ont tendance à profiter de la baisse des défenses immunitaires) adorent le sucre et vont donc être ravies d’en avoir encore plus à « se mettre sous la dent » pour bien se développer. On recommande même de limiter les apports en sucre en cas de cystite et/ou mycose (les boissons sucrées faisant partie des produits à éviter).
Je passe sur l’apport en sucre inutile de ces boissons (comme carie, surpoids) ce n’est pas le sujet ici.

Des produits « à base » de canneberge
Oui « à base » qu’est ce que cela veut dire ? Et bien que ce que l’on nous vend n’est pas que de la canneberge. Quand j’en prenais moi même j’étais très vigilante sur la composition des produits car on a vite fait de se retrouver avec un complément qui ne contient que 30 ou 40% de canneberge ou un jus avec 50% canneberge et 50% eau et sucre ! La solution serait donc d’acheter directement le fruit (frais ou sec) à condition bien sur de le trouver et d’en avoir les moyens : la dernière fois que j’ai vu de la canneberge fraiche en magasin bio elle était à 8€ le kilo (à ce prix là je préfère acheter des cerises) sans parler des sachets de canneberge sèche qui tournent aux alentours de 40€ le kilo !

Des études pas si concluantes que cela
Mais cet engouement pour la canneberge vient bien de quelque part ? Oui. Poussées par les lobby de la culture de canneberge (n’oublions pas que c’est aussi un business agricole qui pèse de millions de dollars) certaines études, allant des années 60 à 90, ont démontrées la présence de proanthocyanidine de type A (PAC A) dans la canneberge.
« Ce composé empêcherait certaines bactéries Escherichia coli responsables des cystites d’adhérer à la vessie et de causer l’infection. Ne bénéficiant pas de point d’ancrage, ces bactéries sont alors naturellement éliminées par les voies naturelles (source : Wikipedia).
Scientifiquement il existe donc bien une explication à l’effet positif supposé de la canneberge sur les infections urinaires et c’est sans doute ce qui explique que certaines personnes aient de bons résultats avec (probablement parce qu’elles sont plus sensibles et ont choisi un produit de très bonne qualité et c’est très bien pour elles). Le problème étant bien lié à la quantité de PAC que nous proposent les différents produits.
Par la suite, d’autres études scientifiques ont conclu que la canneberge n’a pas d’effets préventifs ni curatifs sur les infections urinaires (Cranberry juice fails to prevent recurrent urinary tract infection,  Oxford Journals. Age and Ageing. Recurrent urinary tract infections in older people: the role of cranberry products).
En 2010, un rapport de l’agence nationale de sécurit sanitaire de l’alimentation recommande une prise minimum de 80mg de PAC par jour (si vous scrutez bien les étiquettes c’est super difficile, pour ne pas dire impossible à trouver la majeur partie des produits proposant entre 30 et 50 microgrammes de PAC par jour).
Et conclu :

  • que l’activité des PAC contenues dans la canneberge sur l’adhésion d’E. coli aux cellules épithéliales urinaires via les P-fimbriae est bien démontrée (je précise ici que le rapport date de 2010 et que depuis cette affirmation a été remise en question)
  • que les données disponibles à ce jour sur la consommation de canneberge ne permettent pas de conclure à un effet préventif de la consommation de canneberge sur les IU.

Pardonnez cet exposé un peu technique mais après avoir parlé avec la Xème naturopathe ayatollah de la canneberge (qui en avait conseillé à une patiente enceinte ce qui est déconseillé +++), aujourd’hui je voulais « remettre les pendules à l’heure » pour ceux qui auront l’ouverture d’esprit de chercher de vraies info scientifiques !

GiGi

Ex-cystiteuse et professionnelle de santé !

12 Comments

  • Julie
    13 janvier 2023

    Je suis très étonnée de lire que la Canneberge acidifie les urines !
    Êtes-vous sûre de cela ?
    Le citron par exemple a un goût très acide mais est alcanisant.

    Mon expérience avec la canneberge a été positive.
    Par deux fois j’ai eu une cystite, et j’ai à chaque fois acheté deux grandes bouteilles de canneberge pure en magasin bio que j’ai ensuite bu dans les trois jours, à raison de 50% de jus et 50% d’eau, car en effet le goût est désagréable et il faut s’accrocher.
    Ça a très bien fonctionné.

    Je n’ai cependant pas d’expérience sur la prise en long terme en préventif.

    Sur votre blog vous recommandez en prévention la préparation de D-mannose du laboratoire Arkea, je vais tenter (cependant niveau budget ce n’est pas plus abordable que le jus!).

    J’aimerais surtout comprendre réellement la raison de ces cystites mais c’est une autre histoire!

    Belle journée à vous

    Reply
  • EMMA
    22 août 2022

    Bonjour et merci pour l’article très interessant, pourquoi la canneberge est déconseillée aux femmes enceintes? Car trop sucré? Merci 🙂

    Reply
    • Coco
      1 septembre 2022

      Chère Emmanuelle , merci pour votre commentaire et votre question.

      Dans l’article, vous pouvez effectivement trouver tous les avantages et les inconvénients de la prise de canneberge pour faire face aux infections urinaires, mais quant aux contre-indications de la prise de canneberge pendant la grossesse
      voici ce que la littérature dit à ce sujet :

      « La canneberge ne doit pas être utilisée pendant la grossesse et l’allaitement en raison d’un manque de données de sécurité. En outre, des études correctement conçues avec des produits standardisés et des résultats pertinents sont nécessaires « .

      Espérant avoir été utile, je reste disponible au besoin et je vous remercie,
      Coco

      Reply
  • Brigitte
    21 juin 2022

    Je vie en argentine j ai des problemes de cystite votre article m a beaucoup aidee merci

    Reply
    • Coco
      22 juin 2022

      Chère Brigitte,
      Merci pour votre message et vos et son appréciation de l’article en question et des informations transmises, très beau pays l’Argentine : )
      Concernant votre commentaire bien que la description de votre situation soit très claire, il faudrait connaitre un peu plus de détails sur la situation et la survenue de vos cystites , comprendre quels sont vos facteurs de risque, mettre en place des mesures rapides qui vous soulagent efficacement et envisager de nouvelles stratégies préventives pour l’avenir.
      https://cystiteetcompagnie.fr/index.php/2020/03/06/road-trip-se-debarrasser-de-la-cystite/
      https://cystiteetcompagnie.fr/index.php/2018/08/03/cystite-kesako/
      par exemple préciser quelques points suivant :

      – avez-vous déjà eu des troubles uro-gynécologiques (si oui, lesquels, depuis quand, à quelle fréquence…)?
      – avez-vous réalisé un ou plusieurs ECBU pour cet épisode aigu (si oui, avec quel(s) résultats)?
      – avez-vous une contraception hormonale en cours ou bien êtes-vous en situation de pré-ménopause, ménopause…?
      Si vous vous voulez, pour recevoir des conseils plus « pragmatiques », vous pouvez aussi écrire un mail à l’adresse : infofrance@deakos.com .
      En espérant avoir été utile je reste à disposition pour d’autres questions,
      Coco

      Reply
  • Coco
    26 novembre 2021

    Commentaire du groupe Facebook « Cystite Récidivante « :

     » Je suis chafouin car j’ai consulté une généraliste phytothérapeute (donc une spécialiste des plantes) très récemment qui en 3 minutes avait identifié la source de mon IU, j’étais hyper contente de son approche et de son efficacité.
    Elle me parle vite fait de la cranberry, je l’arrête tout de suite vu que je savais que c’était un irritant. Du coup elle me dit « je vais vous donner de la busserole y aura pas de problème », je repars toute contente et je vérifie sur le site C. et Compagnie et là patatra… la busserole est une cousine de la cranberry !
    J’ai quand même essayé les gélules mais ça a pas loupé, au bout de quelques jours d’utilisation ça m’a irrité la vessie.
    J’ai arrêté, je vais voir avec elle si elle peut plutôt me proposer une autre plante type bruyère.

    Mais bon sang c’est son métier, alors pourquoi elle ne sait pas que c’est irritant? Je suis déception »

    Reply
  • Verona
    17 mai 2018

    J’ai pris pendant des années ce complément alimentaire – sur conseil médical – pensant, à juste titre qu’il me permettrait d’éviter les récidives, et j’ai découvert récemment que la cranberry n’était actuellement plus recommandée de par son action acidifiante, source d’augmentation des douleurs vésicales, et de plus peu apte à prévenir les crises !

    Reply
  • Noelie
    17 mai 2018

    Quelles sont les risques pour la femme enceinte? Ma gynéco m’a autorisé à en prendre tout au long de ma grossesse 🙁

    Reply
    • admin
      22 mai 2018

      Merci pour cette question très intéressante Noelie. 🙂

      Ci-dessous, nous avons lu et résumé pour vous cette étude publiée en 2017: « Morphometric abnormalities in spleen and kidney of the progeny of mice fed Americancranberry extract (Vaccinium macrocarpon) during pregnancy and lactation. »

      Les produits à la base de myrtille rouge sont des suppléments et compléments alimentaires souvent recommandés pour le traitement des infections de l’arbre urinaire, y compris durant la grossesse. Toutefois, ce travail démontre que certains de ces produits contiennent des composés chimistes fortement anti-angiogènes qu’ils pourraient donc influencer négativement la croissance et le développement fœtal.
      Dans le présent travail a été évalué l’effet de produits à base d’extrait de grande airelle rouge d’Amérique du Nord dans l’alimentation de rats pendant la grossesse et l’allaitement.
      L’action de l’extrait de canneberge (donné à une dose journalière de 0,88 mg) a été évaluée au travers la morphologie et divers paramètres de fonctionnalité rénale et splénique mesurés sur la descendance de ces rats.

      Six semaines après la naissance, les chercheurs ont évalué :

      – La morphométrie de la rate et des reins
      Les rates de la progéniture du groupe expérimental différaient significativement de celles du groupe de contrôle, en présentant un nombre inférieur de grains lymphoïdes avec un plus grand diamètre.
      Une augmentation du diamètre des glomérules rénaux a été observée dans les reins du groupe expérimental par rapport au groupe contrôle.

      – L’analyse cytométrique des lymphocytes de la rate
      Le cytométrie des cellules de la rate de la progéniture expérimentale a révélé plus de CD19 + et de lymphocytes de CD8 + par rapport au groupe de contrôle.

      – L’évaluation de la réponse humorale
      Aucune différence n’a été vue entre le groupe contrôle et le groupe test.

      – La concentration de la créatinine et du sérum / urée
      Aucune anomalie dans les niveaux de créatinine et de sérum / urée n’a été observée. Cependant les chercheurs ont noté une plus haute concentration de VEGF et de bFGF dans le sérum de la progéniture issue des mères traitées par rapport au groupe contrôle.

      En conclusion, même si les différences observées entre le groupe contrôle et le groupe expérimental n’étaient pas élevées, ce travail invite à porter d’avantage attention à l’usage de produits à base de canneberge ou d’extrait de grande airelle rouge, pendant la grossesse, pour leur action potentiellement anti-angiogène.

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