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Dans sa tête à "lui"

Dans sa tête à “lui”

Je suis un des rares membres masculins du groupe Facebook « Cystite récidivante ». J’ai longtemps tenu à rester discret. Je restais dans l’ombre et lisais les témoignages des unes et des autres, pour essayer d’y voir plus clair sur la situation que je vis par ricochet, ma compagne étant victime de cystites post-coïtales.

C’est un peu désespéré que je prends la décision de faire part de mon expérience masculine des cystites récidivantes post-coïtales (origine : E. coli) qui frappent presque systématiquement ma compagne depuis une dizaine d’années après chaque rapport. Cystites dont nous ne savons plus depuis quelques années nous prémunir autrement que par l’abstinence.

Les problèmes ont commencé pour nous il y a environ une dizaine d’années. Le scénario est hélas classique. Nombre d’entre vous le connaissent : cystites de plus en plus régulières après les rapports (uniquement après les rapports), antibiothérapie de moins en moins efficace et de plus en plus délétère, 3 pyélonéphrites, blocages psychologiques qui s’ensuivent chez chacun de nous, angoisses paralysantes des rapports… Puis raréfaction des rapports. Jusqu’à l’abstinence comme terminus et ultime recours. Abstinence que ma compagne vit plutôt comme un confort (ce que je peux en partie comprendre car les crises sont aiguës et traumatisantes pour elle), et que je vis moi comme un rejet de ma personne, car le désir de ma compagne à mon endroit s’est progressivement éteint, à la longue. Sa libido plus généralement s’est envolée, le coït étant associé à une expérience douloureuse. Aux difficultés médicales et sexuelles sont ainsi venues se greffer des complications relationnelles et psychologiques faciles à deviner, très difficiles à surmonter. Nous consultons d’ailleurs une sexologue depuis presque un an.

Je dois préciser que faire l’amour à ma compagne est devenu pour moi une envie prégnante, pour ainsi dire inaccessible, mais également une angoisse terrible et une source de culpabilité. J’ai le sentiment en effet que mon sexe est comme une arme de destruction, que la pénétration revient à mettre en danger la santé de la femme que j’aime. Et que ce risque est d’autant plus difficile à assumer pour moi que ma compagne ne ressent plus d’envies sexuelles. C’est donc un véritable casse-tête pour moi et pour nous deux, depuis des années maintenant.

Ma compagne vit l’abstinence comme une solution. Elle n’a jamais été portée sur les jeux sexuels. Sa libido « ordinaire » est d’ailleurs plutôt en-dessous de la moyenne. Pour moi c’est infiniment plus difficile. Mon corps a des besoins, que je laisse à chacun(e) le soin de comprendre ou pas. Pour ne pas devenir fou, j’ai dû trouver des solutions. Toujours douloureuses. Jamais épanouissantes. Souvent tristes à l’arrivée, voire déchirantes. Aventures sans lendemain. Sexualité solitaire. Médicaments… Rien qui m’ait rendu heureux ou épanoui. Mais c’était cela ou devenir fou. J’ai fait comme j’ai pu. Il me fallait trouver des compensations : physiques, narcissiques, psychologiques… pour gérer la frustration, la solitude physique, l’absence de sensualité, le manque de désir pour ma personne qui se mue en angoisse de rejet… etc… La privation de sexe durant de très longues périodes combiné au sentiment de rejet qui naît assez fatalement quand la femme qu’on aime ne vous désire plus peut conduire un individu ordinaire à des choix douloureux, cruels, et finalement assez dévalorisants. Des choix qui compliquent encore un peu plus le sommeil car on ne les assume jamais totalement. (Je ne souhaite sincèrement cela à personne).

Il y a six mois environ, l’espoir renaissait, enfin… Grâce au D-mannose et aux prescriptions d’une personne avisée et bienveillante de ce groupe. Nous avons pu, grâce à ce produit, retrouver un semblant d’intimité, du moins à quelques reprises (8 ou 9 fois en 7 mois), sans conséquences pathologiques. Nous reprenons un peu confiance. Nous avons partagé cette nouvelle avec la psychologue qui nous suit. L’horizon s’éclaircit un peu pour la première fois depuis des années.

3 Comments

  • Verolmb
    11 avril 2019

    Bravo pour ce témoignage, très prenant en nous identifiant inévitablement…une souffrance, une culpabilité…des sentiments si forts qui nous soudent et nous aident, mais après tant de souffrance, 30 ans d’IU…un viol…comment retrouver une sexualité normale? Un mari adorable, compréhensif qui lui même sous traitement lourd qui ne peut plus choisir sa sexualité, la vie et n’est pas simple mais je ne désespère pas une jour de retrouver une sexualité, la Nôtre…

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  • Boop
    6 mars 2019

    Bonjour,

    Merci d’avoir témoigné. C’est toujours difficile d’attribuer un contenu de pensée à l’autre, quand on est celui (celle) qui souffre. Ce n’est pas qu’on oublie la frustration de son conjoint, mais on évite d’y penser, pour ne pas se sentir coupable. Et puis, le désir, tout désir, quel qu’il soit, quand notre vie n’est plus que douleurs, nous semble bien dérisoire, il s’apparente à un caprice et on finit pas juger l’égoïsme de l’autre. Vous avez entrepris un travail avec une psychologue, c’est que l’un et l’autre aviez le besoin de protéger l’amour qui vous unit. Je vous souhaite que l’horizon devienne totalement dégagé.

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  • Chloë
    5 mars 2019

    Franchement témoignage poignant, mais effectivement les femmes subissent tellement, elles n’ont tellement pas de solutions, de remèdes et combien restent des dizaines et dizaines d’annees sans solution à cause des médecins et antibiotiques donnés stupidement et détruisant au final tout…! Ça impacte non pas seulement la vie de couple, mais aussi le confort de la femme, la vie dans un stress perpétuel, l’impossibilité de travailler sans stress…!

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