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Mycoses et D-Mannose font-ils bon ménage?

Mycoses et D-Mannose font-ils bon ménage?

Salut la compagnie ! 🙂
Aujourd’hui une petite prose sans prétention pour répondre à la question super logique posée par une des copines virtuelles sur un forum :

« J’aurais besoin de tes lumières GiGi ! Le D-Mannose est un sucre et les champignons et levures aiment le sucre. Alors est-ce que prendre du D-mannose peut causer ou aggraver les mycoses ?? »

Concernant mes lumières je te remercie de me préter de telles “compétences” et du coup je me sens comme “investie” d’une mission explicative en long en large et en travers hihihi. D’autant qu’au-delà de la cystite [et compagnie], les mycoses vaginales c’est mon deuxième “dada” vu que j’en ai fait des dizaines (toujours à cause des antibio bien sûr).
Attention les yeux, je me lance !

“Les champignons ou levures aiment le sucre”
Cette affirmation n’est pas tout à fait exacte (quoi ?!)

Et oui, moi aussi j’ai longtemps cru dur comme fer que réduire les sucres simples (en gros tout ce que j’aime quoi) me permettrait de limiter la croissance de ce satané Candida albicans (car on parle surtout de lui en cas de mycose).
Du coup, autant te dire que j’ai fait de multiples tentatives de régimes (certains même farfelus) et que cela s’est toujours soldé par un échec… et une grande frustration !! Surtout que j’essayais de combiner ça avec une réduction des acidifiants urinaires pour protéger ma vessie… Bref, un vrai bazar à gérer alors que, maintenant tout ça me parait “easy” 🙂 !!
Et puis la diététicienne du service de gastro m’a dit un jour entre deux portes “tu sais rien de tout cela n’est prouvé”. What ?!  Cette petite phrase a fait chez moi l’effet d’une bombe et je me suis mise à chercher des preuves scientifiques fiables du fait que le Candida albicans responable de mes… comment dire… pertes dégeu et démangeaisons intenables était vraiment dopé aux sucres.

Voici les conclusions que j’en ai tiré :

  • le Candida albicans est une levure commensale de la flore vaginale et intestinale. Sa présence y est donc parfaitement normale et physiologique et il est impensable de trouver un équilibre sans lui
  • le Candida albicans a un métabolisme gluco-dépendant : il vit donc bien grâce au glucose (donc pas de tous les sucres hein, précisément de glucose !) MAIS il peut également utiliser d’autres sources nutritives pour son développement : des lipides par exemple (incoyable hein ?!). Et dans ce cas là, d’après les conclusions d’une étude sur le sujet, il semblerait qu’il se sente pousser des ailes question formation de biofilm…
  • le Candida albicans semble pouvoir tansformer d’autres mono et disaccharides (fructose et saccharose) en glucose pour s’en nourrir
  • le D-Mannose n’est pas métabolisable : il ne peut pas être transformé en glucose et circule dans notre sang sous sa forme initiale intacte
  • le Candida albicans est aussi très friand de fer ce que l’on sait bien moins (c’est pour ça que les gens qui ont des candidoses systémiques sont souvent anémiés)
  • lorsque le Candida albicans est localisé dans un organe qui n’est pas en contact direct avec le bol alimentaire (pas dans le tube digestif en somme) il puise ses nutriments quasi-exclusivement dans le sang et, modestement, dans les tissus profonds de l’organe où il se trouve
  • le Candida albicans est opportuniste agressif et va profiter de la moindre occasion pour se développer de façon excessive et venir mettre le bazar dans notre petit écosystème (microbiote) perso.
    Ça c’est important parce que ça signifie que “c’est l’occasion qui fait le larron”. C’est à dire que le Candida albicans ne “décide” pas un beau jour de proliférer excessivement ; il le fait juste parce qu’il a l’occasion de le faire et c’est ce qui le rend tout à coup pathogène.

Alors du coup si on applique ces connaissances scientifiques à notre candidose vaginale voilà mon avis :

1. La mycose vaginale n’est pas conditionnée par la consommation de sucres alimentaires
La consommation de sucres simples (fructose et saccharose) et très raffinés (amidon) ne peut pas avoir d’incidence sur son apparition.
Du coup, elle apparait parce qu’il à “la place” de se développer et ça qu’il faut chercher à comprendre : pourquoi la candidose apparait ??
Dans mon cas il était clair que les antibiotiques avaient fait table rase des Lactobacilles vaginaux et c’est pour cela que le Candida albicans pouvait s’étendre comme bon lui semblait.

2. Les aliments “sucrés” font peu varier la glycémie
S’il est vrai que le Candida albicans vaginal puise son glucose dans le sang, il faut aussi dire que la glycémie d’une personne saine (sans diabète) est constante malgré les apports alimentaires (on a un pancréas qui est là pour gérer). Du coup, la théorie qui consiste à dire qu’il faut faire un régime sans sucre pour combattre le Candida albicans s’écroule !
Ben oui si la glycémie est stable quel que soit ce que je mange alors le Candida albicans a toujours à disposition la même quantité de nourriture. Inutile donc de se priver !
A ça s’ajoute un rapport du collège américain des diététiciens nutritionnistes ayant récolté plus de 30 études sur les diètes anti-candida (rien que ça !) et qui conclut qu’il n’existe pas de rapport entre le fait de réduire sa consommation de sucre et la régression de la prolifération du Candida albicans. Je ne vous raconte pas ma réaction quand je suis tombée sur cette source hihihi !

3. Le D-Mannose ne peut pas être un nutriment du Candida albicans
En effet, ne pouvant pas être transformé en glucose, pas moyen de le modifier pour le rendre “consommable”.

4. La meilleure méthode pour combattre la mycose vaginale réside en deux points :
– Remettre des Lactobacilles pour “occuper l’espace” et contenir les élans de conquérant du Candida albicans
– Priver le Candida albicans du nutriment sur lequel on peut agir pour de vrai : le fer !
Je vous laisse lire ceci pour ne pas trop blablater sur la partie “action anti-mycose”, je crois que j’avais à peu près tout expliqué ici 😉

Morale de l’histoire : pas de lien entre D-Mannose et mycose
Je crois même que c’est un cercle vertueux : D-Mannose => pas de cystite [et compagnie] => pas besoin d’antibio => recolonisation Lactobacillaire du vagin => régression du Candida albicans => rééquilibrage de la flore physiologique => réduction des facteurs de risque d’avoir une cystite [et compagnie] => pas besoin d’antibio… etc (vous m’avez compris 😉 ).

Et pour la petite histoire avec les centaines de grammes que j’ai avalés s’il y avait un lien je crois que je l’aurais vu 😉

GiGi

J’espère que ça vous aidera, j’ai essayé de faire ça le plus clairement possible mais il y a tellement de concepts à mettre ensemble que c’est pas simple.
Je vous embrasse bien fort les “futurs-ex” de la cystite [et compagnie] !! 

GiGi

Ex-cystiteuse et professionnelle de santé !

2 Comments

  • Irène
    21 décembre 2023

    Merci pour cet article qui répond parfaitement à ma question ! J’ai une candidose chronique (suivie par une naturopathe) et je m’interrogeais sur la compatiblité du D-Mannose pour moi. D’autant que cela fait 3 mois que j’ai élminé les cystites grâce à Deakos, je préfère ne pas arrêter.

    Reply
    • Coco
      8 janvier 2024

      Bonjour Irène et merci beaucoup pour cette question 🙂
      En effet en cas de dysbioses digestives ou candidose intestinale le D-Mannose n’est pas contre-indiqué, mais au contraire il est conseillé ! Il y a une très intéressante étude en anglais qui explique les effets positives de ce principe actif sur les dysbioses : « D-Mannose has been proven to have beneficial effects on the immunitary system (Newman 1994) … intestinal diseases (Ferket 2004), urinary tract infections (Altarac and Papes 2014)… » et « Both D-Mannose and MOS have been reported to act as prebiotics (Sundu and others 2006 ; Korneeva and others 2011) ».
      Voici le lien à l’article : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33401842/.
      Donc je vous conseille de ne pas arrêter de prendre du D-Mannose en phase de maintien, même si vous avez une candidose 😉
      Bon courage !

      Reply

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