Chers lecteurs,
Plusieurs publications sur le sujet sur notre groupe Facebook ont donné l’occasion de parler de ces germes commensaux retrouvés parfois dans la vessie (S. epidermidis et S. saprophyticus) à l’occasion d’un ECBU de contrôle ou bien dans le cadre d’un épisode aigu de cystite.
Il semblait donc utile de faire une synthèse des remarques et « notes particulières » à garder en tête dans ces cas-là.
1) Ces bactéries sont des micro-organismes commensaux de la peau et des muqueuses
Leur présence dans notre organisme est donc non seulement normale mais surtout physiologique et nécessaire car ils contribuent à former une “bonne” flore qui nous protège et assure une barrière immunitaire contre les pathogènes de notre environnement.
Leur présence constante sur nous s’associe donc à des colonisations régulières (quotidiennes) des voies urinaires qui, dans des conditions d’équilibre, ne causent aucun troubles et n’évoluent pas vers une infection. Ces colonisations bactériennes de la vessie rappellent d’ailleurs ce qui est décrit dans l’article au sujet de Streptococcus faecalis. Notre organisme sait parfaitement gérer ces “incursions” vésicales et réguler la présence de ces germes dans nos voies urinaires pour empêcher leur prolifération vers des proportions qui puissent devenir pathogènes.
NB. L’ensemble de cet équilibre appartient à ce que certains appellent d’ailleurs le « microbiote vésical ».
2) Lorsque ces bactéries deviennent plus agressives
Il faut donc s’interroger en premier lieu sur :
- la compétence immunitaire du sujet = qu’est-ce qui fait que son corps n’arrive plus à vivre en symbiose avec des hôtes normalement symbiotiques ?
- une possible hygiène excessive du sujet = ces dernières années, l’usage de gel hydroalcoolique pour le “lavage” des mains est à mettre en cause ; mais on citera aussi une toilette intime trop agressive ou bien une flore de Döderlein trop pauvre
3) Lorsque l’ECBU identifie cette bactérie dans les urines, il convient d’observer attentivement la numération retrouvée
Lorsque cette concentration bactérienne est inférieure au seuil de significativité (10^4 UFC/ml), on ne parlera pas d’infection mais de colonisation et, dans ce cas :
- l’antibiogramme n’est pas réalisé par le laboratoire
- le recours à la thérapie antibiotique n’est pas indiqué comme prise en charge*
- les symptômes, s’ils sont présents, ne dérivent pas de la présence bactérienne mais plutôt d’une composante inflammatoire massive
4) *Utiliser un antibiotique, si la présence de S. epidermidis ou saprophyticus dans la vessie est faible va, en réalité, être contre-productif, car il va :
- fragiliser ultérieurement la flore et donc l’immunité
- risquer d’aggraver le déséquilibre pré-existent qui a causé la colonisation
- alimenter les possibles résistances futures des bactéries uro-pathogènes
- promouvoir et alimenter l’inflammation (alors que c’est la cause principale des maux!)
En cas de présence vésicale de S. epidermidis ou saprophyticus à des concentrations relevant d’avantage de la colonisation que l’infection, mieux vaut donc opter pour une démarche ciblée sur la composante inflammatoire et la restauration des flores et de l’immunité.
Espérant que ces éléments vous aident à appréhender au mieux un résultat d’analyse d’urine mettant en évidence l’un de ces germes ❤